samedi 1 janvier 2000

Paris. Journée ordinaire.

Le ciel a chialé un bon coup
Le vent glacial sèche ses larmes
Le métro défèque à chaque station
La chair à production

Huit heures. Les jambes sont rasées
Eau de Javel. Aisselles parfumées
Une chaleur moite de salle de bain
Une ambiance de morgue plane ce matin

Les crocs en avant. Un abîme dans les yeux
Les gens s'engouffrent instinctivement
Dans les bouches du métro crasseux
Intestin de Paris pourri

Les couloirs s'ouvrent. Les turbines ronflent
L'asphalte astiquée des quais m'aveugle
Je me noie dans la foule étanche
Sur une symphonie de cannes blanches

Un loubard a sauté la barre
S'est fait chopper par des clébards
Des têtes de rat et des visières
Barrière. Pas de retour en arrière !

Un flic noir contrôle un Africain
Un noir qui allait bosser au noir
Le boulot commence bien ce matin
Pas de papiers ! Expulsé !

Les dactylos s'affolent crépitent
Pondent des notes de service infernales
La pieuvre informatique s'agite
Elle course mes rêves en cavale

Dix huit heures. Sueur. Une pluie fine
Les poils ont poussé. Le vide domine
A Vitry titrent les journaux du soir
Des prolos blancs croquent du prolo noir.

Copyright © 1980

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