A quinze ans je rentrais tard pour mon âge
Mon père tous les soirs m'attendait
Moi, je naviguais dans les images
De l'Europe en fête où l'homme consommait.
Ma mère sur le réchaud me laissait le dîner
Je mangeais froid sous l’œil inquiet du vieux
La ville depuis longtemps ronflait
Moi, je rêvais de Paris, de sa banlieue
Viendra le jour de la traversée
Viendra le jour de la traversée
Ca sera la belle vie de l'autre côté
Il fallait traverser
Avec mes copains dans le noir de la ville
Radio Paris collée à l'oreille
On s'injectait un monde de musique de filles
Seringue d'espoirs et de merveilles
On dansait des danses décousues
Une spectatrice : la solitude
Les projecteurs de l'Occident balayaient
La scène d'un théâtre de paumés
Viendra le jour de la traversée…
Dans le quartier où j'habitais
Les gens ne parlaient que de pain
A la longue ça me déprimait
Ils avaient la trouille de la faim
Vivre là dedans était mon drame
Je courrai prendre ma dose au cinéma
Voir les filles en vitrine d'Amsterdam
Et me dire demain je croquerai tout ça
Viendra le jour de la traversée
Viendra le jour de la traversée
Là bas c'est sûr je jouirai
Un jour j'ai traversé
Hier à Paris nostalgie dans le vin
J'ai bu un verre de tendresse
Je voulais revoir les copains
Ils sont partis aussi. Je n'ai pas leur adresse
Hier j’ai voulu retourner vers le rêve
Dans ma chambre réveil en sursaut
Le réveil a sonné : fini le rêve !
Il fallait prendre le métro
© Copyright 1976
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