Quand j'étais enfant
Je chassais des grenouilles
Dans un ruisseau puant
Où ruisselait la misère
Avant de les tuer
Je pensais aux légionnaires
Ces paumés payés pour faire la guerre
La légion infâme
Crucifiait les enfants
Violait les femmes
Que les hommes bannissaient
Les hommes contre le mur
Les bras en l'air priaient
Pour ne pas succomber sous la torture
Je m'accrochais à la vie
Armé simplement de mon enfance
Mes espoirs s'appelaient indépendance
Où est tu indépendance ?
Ce matin gisait un homme
Dans une flaque de sang
Sur la route de l'école
Pas loin de la maison
J'ai eu un diplôme : celui de la peur
C'est ça le monde des hommes
La bêtise et l'horreur
En classe j'ai raconté
Ma trouille aux copains
Le maître m'a frappé
A la tête avec ses clefs
Du sang s'est mélangé
A ma morve et mes larmes
J'en ai peint tous mes cahiers
Je m'accrochais à la vie…
Les parents affolés
Par les "événements"
Pour un chuchotement
On se prenait une correction
Dehors les militaires
Nous couraient derrière
Je n'ai pas demandé à venir sur terre
Quand quelqu'un
Se faisait assassiner
Les gens disaient dans le quartier :
« lui au moins il a la paix »
Les maisons étaient devenues des cimetières
L'O.A.S. mitraillait les convois funéraires
Je m'accrochais à la vie…
Un maître qui se disait mon frère
Est venu en 62 du Moyen Orient
Il a rouvert les plaies
Des maîtres de l'Occident
Ses fusils sont braqués
Prêt à donner la mort
A ceux qui refusaient
La couleur de son passeport
Je m'accroche toujours à la vie
Armé simplement de mes chansons
Mes espoirs n'ont pas changé de nom
Où es-tu indépendance ?
© Copyright 1976
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